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NUMERO 23 DE NOVEMBRE 2006

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Aimer pour être libre
ou être libre pour aimer ?

C'est une certaine naïveté chrétienne qui a été caricaturée dans l'expression : «tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil !».

Pourtant, toute la tradition chrétienne nous invite à un regard lucide et réaliste sur le monde qui nous entoure ainsi que sur nous-mêmes.

Non, nous ne sommes ni beaux et gentils, dans tous les aspects de notre vie !

Savons-nous que tous nous avons été blessés, réalisons-nous que nous avons développé des mécanismes de défense, des dysfonctionnements, des réflexes de fermeture sur soi. Non, nous ne sommes pas limpides, spontanément ouverts à l'autre.

Oui, nous projetons nos difficultés psychologiques sur les autres sans nous rendre compte que notre regard qui juge et condamne est celui que nous portons sur nous-mêmes, même si nous n'en avons pas conscience.

Crispés sur nos raideurs, nous avons peur, peur de l'autre qui nous semble étrange, peur de la part d'ombre qui est en nous et que nous refusons de voir. La peur qui nous paralyse ou qui génère agressivité, conduites frénétiques ou même addictives, l'origine dans des pulsions de mort qui s'agitent en nous.

Est-ce que nous nous sommes déjà dit en vérité : «J'ai peur, peur de ma vulnérabilité!» ? Avons-nous eu le courage de nous avouer «livré à moi-même, je ne peux pas vraiment être libre !» ? A quoi suis-je renvoyé par cette prise de conscience.

A un appel à la lucidité, lucidité de considérer à la fois le monde livré à lui ­même comme un monde sans projet et sans repère. A un appel encore à la lucidité de se savoir vulnérable, capable de se perdre, de chercher d'inutiles compensations pour fuir le vide intérieur.

A partir de cette lucidité, si je lâche mes fausses sécurités, je peux prendre un vrai chemin de liberté et poser un acte de confiance. Oser la confiance mais où la mettre et surtout en Qui me confier ? Confiance et foi ces deux mots viennent d'une même racine et renvoient à des expériences où je peux m'abandonner sans danger et en toute sécurité dans une relation fiable et solide.

Dès que je mets ma confiance en Celui qui a traversé la peur, j'entre dans le mystère de la foi. A Gethsémani, Christ a affronté toutes les angoisses passées, présentes et à venir dans une remise confiante de tout son être à son Père. En Celui qui, au sein même de la mort, dans la nuit du tombeau est passé de la mort à la vie, je peux mettre toute ma confiance. Christ est passé de la mort à la vie pour que nous puissions-nous aussi passer de la mort à la vie.

Si nous croyons que Christ est ressuscité, entrons vraiment avec Lui dans la solidité de la foi. Notre confiance devient alors confiance en nous-mêmes parce que nous sommes reliés, enracinés dans la victoire de la Résurrection. Forts de cet ancrage, lucides sur le monde et sur nous-mêmes, nous pourrons élaborer des comportements nouveaux. Christ nous fait naître à nouveau.

A travers notre histoire, une capacité nouvelle nous est donnée pour aimer en vérité.

Frère Bernard-Marie Geffroy o.ss.t

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